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Assemblée nationale : le gouverneur de la Banque Centrale édifie les élus sur l'appréciation du franc congolais

Assemblée nationale : le gouverneur de la Banque Centrale édifie les élus sur l'appréciation du franc congolais

Après un premier exercice de redevabilité effectué le 30 octobre dernier à la Commission Economique, Financière et Contrôle Budgétaire de l’Assemblée Nationale, Monsieur André WAMESO, Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, a répondu, jeudi 06 novembre 2025, à la question d’actualité lui adressée par l’honorable Député John Efambe Ekamba, devant l’Assemblée Nationale réunie en session ordinaire. C'etait en rapport avec les enjeux liés au raffermissement de la monnaie nationale.

Son intervention s’est articulée autour de cinq points principaux, à savoir : (i) la place que doit avoir le franc congolais dans les transactions à l’échelle nationale ; (ii) l’explication historique et psychologique du déni de l’appréciation réelle de la monnaie et de ses conséquences positives ; (iii) l’identification des causes de l’accélération de la dépréciation du franc congolais à partir de 2021 ; (iv) la réaction de la BCC et (v) la sensibilisation des acteurs pour conforter l’élan actuel et offrir de meilleures perspectives économiques au pays.

S’agissant du rôle du franc congolais, le Gouverneur André WAMESO a souligné, à l’attention de la plénière, que les dispositions légales et règlementaires accordent une place de choix au CDF. En effet, la Constitution de la République (modifiée par la Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République Démocratique du Congo du 18 février 2006) prévoit, à son article 1er, alinéa 6, que la monnaie nationale est le franc congolais. Pour sa part, la Règlementation de change stipule, à sa section 3, article 6, alinéa 1 que « les transactions en RDC se dénouent dans la monnaie nationale. Elles peuvent se dénouer en monnaie étrangère en cas d’accord entre les parties ». Autrement dit, l’utilisation du franc congolais est la règle et celle d’une devise étrangère, comme le dollar américain, est l’exception. Les élus du peuple, a-t-il insisté, devraient soutenir cette vision patriotique de la monnaie, en tant qu’émanation et gardiens de la loi.

En ce qui concerne le déni de l’appréciation du franc congolais, M. André WAMESO a fait allusion au concept de désespoir appris (learned hopelessness), centré sur la perte d’espérance, souvent utilisée en psychologie clinique (dépression, traumatisme social). Ce cas se traduit, chez un consommateur ayant vécu une hyperinflation prolongée, par : une perte de confiance durable dans la monnaie nationale ; une anticipation négative systématique (“les prix finiront toujours par grimper”) ; une incapacité à intégrer les signaux positifs (stabilisation, réforme monétaire, etc.) ; et souvent, un comportement d’évitement (refus d’épargner en monnaie locale, fuite vers une devise étrangère, l’or, ou les biens durables). C’est donc une mémoire traumatique économique, mais son mécanisme est psychologique : la généralisation du désespoir qui entraîne un déni psychanalytique des évolutions encourageantes. Toutefois, l’espoir renait progressivement, avec le franc qui s’est apprécié de près de 27,0 % en deux mois et se stabilise pendant que les prix des biens et services enregistrent une baisse progressive, à la grande satisfaction de la population rémunérée dans la monnaie nationale (militaires, policiers, fonctionnaires, enseignants, députés, etc.)

Au sujet de l’origine de la dépréciation du franc congolais, le Gouverneur de la BCC a rappelé qu’en 2021, les banques commerciales avaient plaidé pour la constitution de la réserve obligatoire dans la monnaie de dépôt, au lieu du franc congolais, étant donné que les dépôts sont essentiellement en devises. La réserve obligatoire étant la part des dépôts que chaque banque doit garder (en réserve) auprès de la banque centrale, sans pouvoir la prêter à ses clients, la dépréciation de la monnaie nationale induisait, de fait, une décote de son coefficient. Laisser les choses en l’état impliquait une injection de la liquidité en franc. Par ailleurs, l’effort de guerre, notamment à partir de 2023, a conduit à une consommation des excédents réalisés précédemment.

Alors que le franc congolais dévissait, cette injection supplémentaire entretenait la spirale de la dépréciation de la monnaie nationale (effet boule de neige), le marché des changes étant continuellement alimenté. 

Face à cette situation, la BCC avait agi en relevant son taux directeur à 25,0 % pour attirer les banques commerciales, tout en injectant en cumul plus de 1,0 milliard de USD. Dans ce contexte, aucune voix ne s’était élevée pour critiquer l’utilisation des réserves de change ni pour décrier la perte du pouvoir d’achat du souverain primaire.

Dès sa prise de fonction, a mentionné le Gouverneur, il a pris les décisions suivantes, sur la base des études menées par les organes de la Banque :

- intervenir directement sur le marché des changes à travers la cession de 50,0 milliards de USD ;

- actualiser le taux de change appliqué au stock de la réserve obligatoire sur les dépôts en dollar américain, cristallisée en monnaie nationale depuis décembre 2021 ayant ainsi occasionné une ponction de 371,0 milliards de CDF pour le premier palier et ce, après une réunion avec la corporation bancaire (communication) ;

- renforcer la transparence du marché des changes et améliorer la gestion de la liquidité bancaire.

Pour clore son propos, Monsieur André WAMESO a indiqué que la BCC ne fixait pas le taux de change, celui-ci étant le fruit du comportement du marché. Il a également rassuré les honorables députés sur l’engagement de la BCC à continuer à œuvrer pour le maintien de la stabilité actuelle observée depuis près de trois semaines. Cette stabilité étant un acquis bénéfique pour la nation, il convient que tous les acteurs, y compris le Gouvernement, jouent leurs rôles respectifs pour que cette évolution favorable de l’économie se consolide dans la durée. Pour ce faire, il importe d’épargner et de consommer en franc congolais, a-t-il conclu. Cette sensibilisation, qui s’inscrit dans le cadre de l’effectivité de la transparence de la Banque Centrale du Congo, ne manquera sûrement pas de produire des effets positifs.

 

LE POUVOIR DU PEUPLE 

 

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