SURVOL DE L’HISTOIRE DU PEUPLE LUBA-KASAI

SURVOL DE L’HISTOIRE DU PEUPLE LUBA-KASAI

(Extrait de l’ouvrage de Jonas Mualaba Citala intitulé La Nouvelle Ethique Mondiale face à l’Ethique Chrétienne et la Tradition Sapientiale Luba Kasaï, pp 38-43, préparés par Reach Publishers, KwaZulu Natal, RSA, et publié en ligne par Amazon).

Des sources dignes de foi, les traditions sur les origines du peuple luba-kasaï restent embrouillées et difficiles à évaluer.1 Pour sa part, Muya Bialushiku tranche sans ambages: « L’origine des Baluba demeure inconnue ».2 Qu’à cela ne tienne, différents auteurs s’accordent pour affirmer que ce peuple descend de la lignée des immigrés ayant quitté, vers la fin du XVIIème siècle, la région du lac Kisale au village de Kabongo dans l’actuel Katanga.L’histoire a retenu trois vagues de migrations des Luba du Kasaï de l’est à l’ouest. A en croire Joseph Van Keerberghen, la première vague de migrations se passa sans doute vers les années 1650.3 De cette première vague de migrations, l’on retient deux pénétrations : une première pénétration, vers 1650, partit du nord-est au Katanga et s’avança jusqu’au Lac Munkamba et les sources de Muanzangoma au Kasaï. Une seconde pénétration, qui partit du sud-est au Katanga toujours vers l’ouest, aurait 

amené dans la vallée de la Lulua une partie des Luba qu’on appelle Bena Lulua.

La deuxième vague des migrations qui eût lieu autour des années 1700 « semble avoir été constituée par un groupe qui s’est avancé vers l’actuel Dimbelenge et s’y est fixé, tout en bousculant les autochtones de la région vers le nord. Ces derniers, on les appellera plus tard les Babindi ba Nkusu et les Bakua Mputu, tandis que les nouveaux venus (Baluba) seront appelés Bakua Luntu… La dernière vague à émigrer, sans doute au début du XVIIIème siècle, était constituée par ceux (des Baluba) qui se sont fixés dans la région entre les rivières Lubilanji à l’est et la (grande) Lubi à l’ouest. Ce sont ceux qu’on appelle maintenant communément les Baluba Lubilanji (ou dans certains milieux Bena Mbuji-Mayi) ».

Il sied de souligner qu’il n’existe qu’un seul peuple Luba-Kasaï dont les descendants sont les Bakua Luntu, les Bena Lulua et les Baluba Lubilanji. Leur ancêtre commun est Kalala Ilunga Mbidi (ou Mbili, appelé aussi Kankenda).

Joseph Van Keerberghen informe que les émigrations des Luba vers l’ère géographique qu’ils occupent actuellement « ont duré des années et des années. Pendant longtemps il y a eu des gens qui partaient ku mukuna (en amont, c’est-à-dire à l’est) et venait se fixer quelque part à l’ouest »... Il ajoute que si on interroge ce peuple, ils (les Bena Lulua, les Bakua Luntu et les Baluba Lubilanji) donnent toujours des réponses identiques. Cela le conduit à la conclusion suivante:

Les Baluba connaissent parfaitement leurs ancêtres patriarcaux des dernières 4 ou 5 générations ; ils parviennent à situer les villages de chacun de ces ancêtres dans les environs quasi immédiats de leur emplacement actuel, mais généralement un peu plus vers l’est. Si l’on insiste pour remonter plus haut, ils ne savent plus…Finalement, ils se rappellent quelques expressions qui indiquent que leurs ancêtres viennent de ku Nsanga-a-Lubangu ( du côtés de chêne à entaille) ou ku mukuna (en amont, pour signifier à l’est) ou ku miabi ( là où se trouvent des arbres-fétiches à écorce blanche), ou ku mpata ya makasa minyi (des plaines à pieds/populations intenses)…L’explication de ces expressions nous menerait trop loin, mais leur interprétation nous indique que les ancêtres (Luba –Kasaî) sont venus du côté de l’est. Si l’on insiste encore, on entendra des noms d’une généalogie finissant toujours par.. Mutombo wa Nkole (Mutombo fils de Nkole), Nkole wa Bende (Nkole fils de Bende), Bende wa Mulopo wakafuka bantu bonso (Bende fils de Mulopo, l’Etre Suprême qui a créé tous les hommes). 

De ce qui précède, l’on retiendra que tout muluba mujalame (c’est-à-dire conscient de l’être) reconnait avec fierté qu’il est descendant des immigrés venus de Nsanga-a-Lubangu (chêne aux entailles, situé différemment ou simplement pas du tout situé) au Katanga, et que son ancêtre fut Kalala wa Ilunga Mbidi (fils d’Ilunga Mbidi Kankenda et de Bulanda ; Bulanda sœur de Nkongolu Muamba ou Muanza, premier empereur Luba). En outre, il doit être conscient des liens de consanguinité avec les autres Luba appelés du Katanga ou simplement les Baluba-Kat dont les arrières grands-parents restèrent, eux, au Katanga au moment où leurs frères identifiés de Baluba du Kasaï (ou Baluba tout court) quittèrent en raison de : 1) lukota(tshiyola/nzala (la famine) et 2) mvita ya bana ba muntu (les guerres fratricides).

A ce sujet, Muena Kapangi wa Lukunyi7 note que la tribu Baluba Shankadi ou Baluba ba Lole que les sujets de Kasongo Nyembo et Kabongo forment au Katanga tire directement son origine d’Ilunga Mbidi, d’où le dicton populaire « nansha biamana mikuna mbintu bia Ilunga », c’est-à-dire qu’ils aient occupé différentes collines, ils sont tous enfants d’Ilunga Mbidi.

Au sujet d’Ilunga Mbidi, Katanga Tshitenge 8 écrit ce qui suit :

Le premier nom connu dans la généalogie Luba Kasaï serait, Kazadi, Ce dernier eut pour fils Ilunga, celui-ci engendra trois enfants : un garçon du nom de Nkongolo et deux filles nommées Bulanda et Keta. La première, en union avec un homme du côté de Tanganyika, donna naissance à un enfant appélé Ilunga Mbidi.(ou Mbili), nom qui rappelle celui de son père. Il nous semble que Ilunga Mbidi soit l’ancêtre de Baluba. Quand on le loue dans les chansons on dit : ‘ Ilunga Mbidi Nkola wa Baluba, Kamona bintu kabinyanga’ (Ilunga Mbidi, l’ainé de Baluba, qui ramasse des biens et les distribue avec tout le monde).

C’est à Ilunga Mbidi qu’on rattache le nom de Baluba.

De son côté, Bansunga N’soni.remonte l’histoire des Luba à Kahatua, fils de Kazadi. Kahatua (ou Katahua dans certaines littératures) serait venu de loin au delà de Lomami pour s’installer, avec ses deux femmes, sur les bords du lac Kisale. Ndaya, l’une des femmes de Kahatua, lui enfanta un fils et deux filles ; elle donna le nom de Nkongolo Muanza ou Muanza Nkongolo (Arc-en-ciel) à son enfant parce que, d’après un voyant consulté, ce dernier était voué aux génies. Ses deux filles s’appelaient Bulanda et Keta.

Bulanda devint femme d’un grand chasseur et grand chef nommé Ilunga Mbidi. Ce chef venu de l’est à Tanganika laissa Bulanda enceinte et rentra dans son pays. Cette dernière enfanta un fils à qui elle donna le nom de Kalala (wa) Ilunga Mbidi. Kalala «était extrêmement intelligent, très élégant et robuste, note Basunga Nsoni ». Devenu grand et vigoureux, cet enfant manifesta ses ambitions du pouvoir : il captura et tua plusieurs parents proches de son oncle Nkongolo. Ce dernier résolut alors d’éliminer ce neveu envieux de son trône royal.

Pour cela, raconte Bansunga, il fut creuser un puits dans lequel il mit des lances, des flèches… et le fit couvrir avec un peu d’herbes et de la terre de telle façon que si un homme passait qu’il soit précipité dedans. Il fit mettre une natte au dessus et, tout autour il construit une cabane, comme on fait exactement le lieu d’intronisation. Il voulait y précipiter son neveu Kalala. Il l’appela et lui fit part de son intention de l’initier au pouvoir et de le frotter de l’huile royale. Kalala accepta.

Le lendemain, lors des manifestations rituelles, le prince Kalala découvrit le piège de l’empereur son oncle grâce au langage tambourineur émis avec habileté par le joueur de tam-tam : Mukalenga Kalala wa Ilunga, watua utshintshika, panshi padi buena nkala (Prince Kalala, fils de Ilunga, danse et fais attention, sous tes pieds le danger t’attend). Ainsi Kalala, en effectuant la danse cérémoniale de guerre, au lieu d’entrer dans la cabane d’intronisation et de s’asseoir comme prévu, donna un coup de machette dans la natte et découvrit le trou dans lequel il devait tomber. Il quitta son oncle Nkongolo, passa la rivière Lualaba et s’enfuit chez son père Ilunga Mbidi Kiluwe en instruisant les pagayeurs de retirer toutes les pirogues et surtout de ne laisser traverser personne, en particulier un homme « brun ».

Nkongolo poursuivit son neveu Kalala, mais ne put traverser le Lualaba faute de pirogue. Ses tentatives d’une réconciliation (de façade) avec ce dernier échouèrent aussi. De son côté, Kalala alerta son père et, avec lui, il organisa une armée redoutable et vint attaquer l’empereur Nkongolo. Ce dernier s’enfuit, avec ses hommes, sur les monts Mita. Kalala le poursuivit et le décapita là-bas. Il prit alors le pouvoir et devint « Mulopwe », c’est-à-dire le chef de sang sacré, celui de son oncle : l’empereur Nkongolo.9

Pour sa part, Muena Kapangi wa Lukunyi. note que les Luba descendent tous d’un ancêtre commun appelé Kole ou Nkole. L’origine de ce dernier et sa postérité n’a jamais fait l’objet d’une histoire écrite, souligne-t-il, mais cet ancêtre réputé n’est connu que par la tradition orale transmise de génération en génération. Il ajoute que des versions invraisemblables traduisent l’origine de Kole/Nkole ; certains disent queNkole est fils de Bende (Autrui), Bende fils de Dieu lui-même. D’autres attestent que Nkole est fils de Bayembi, d’autres encore de Bamoyo (Ceux qui ont la vie en eux), Bamoyo fils de Mupemba, qui l’est de Nkol’a Tshilonda, etc. Quelques-uns prétendent que Nkol’a Tshilonda est fils de Ntambwe Tshimungu Nyama (ou Bamulambula), fils de Bende, fils de Kalunga (qui allonge). Kalunga serait du nombre des gens qui participèrent à la construction de la Tour de Babel et que l’on appelle Bakwa Kalunga Bakalunga Diulu c’est-à-dire les allongeurs des cieux. Il y en a qui disent que Nkole est fils de Kabeya, fils de Nkongolo Muena Bantu. Et, certains étrangers considèrent Nkole comme un personnage mythologique (sic). Nkole est un personnage ayant existé physiquement, souligne Muena Kapangi wa Lukunyi. Qu’on le veuille ou non, écrit-il, les Bena Lulua, les Luba de MbujiMayi, les Songye, les Bakwa Niambi les Bena Kanioka et les Bakwa Luntu sont tous enfants d’un seul homme : (N)Kole ». Il serait prétentieux et même arrogant si nous pensons avoir tout glané et tout écrit sur l’histoire des Luba. A ce stade, nous faisons remarquer que différentes historiographies de ce peuple s’embrassent quand bien même elles ne commencent pas par le même ancêtre. Cela étant, nous pouvons à présent contempler la carte géographique de ce peuple.

 

 

LE POUVOIR DU PEUPLE 

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