APPRECIATION DU FRANC CONGOLAIS FACE AU DOLLAR AMÉRICAIN : LES CAMBISTES FONT LA LOI À KINSHASA

Le franc congolais poursuit sa dynamique d'appréciation face au dollar américain. Alors que la Banque Centrale du Congo (BCC) fixe ce lundi un taux indicatif de 2 309 francs congolais pour un dollar américain, sur le terrain, les réalités sont toutes autres. Dans plusieurs quartiers de Kinshasa, les cambistes imposent leur propre loi, avec un taux parallèle oscillant entre 2 000 FC et 1 800 FC, sans aucun égard pour le cadre officiel.

Cette situation n’est ni normale, ni soutenable. Elle constitue un véritable braquage économique, à ciel ouvert, contre une population déjà éprouvée par la vie chère, la faiblesse du pouvoir d’achat et l’instabilité sociale. Le citoyen congolais, en tentant d’échanger ses maigres devises pour survivre, est littéralement dépouillé par un système informel spéculatif devenu tout-puissant.

Pourquoi un tel écart entre le taux officiel et celui appliqué dans la rue ? La réponse est simple : une spéculation orchestrée par les cambistes, profitant de l’absence d’un contrôle strict, d’un encadrement rigoureux et du laxisme des autorités compétentes. Le marché parallèle dicte sa loi, au détriment de l’autorité monétaire nationale et, surtout, au mépris du bien-être des millions de Congolais.

Ce déséquilibre n’est pas seulement une question économique. C’est un problème de gouvernance, de justice sociale, et de souveraineté monétaire. Tant que la Banque centrale ne reprendra pas le contrôle total du marché de change, elle laissera le champ libre à une minorité d’acteurs informels qui, par appât du gain, maintiennent le peuple sous une pression économique insupportable.

Il est urgent et impératif que la BCC renforce ses mécanismes de régulation. Il ne suffit plus d’afficher un taux indicatif sur son site Internet ou dans les communiqués. Il faut des actions concrètes sur le terrain : recenser et encadrer les cambistes, imposer des taux de référence applicables, punir sévèrement les spéculateurs, et surtout, protéger le citoyen. À défaut, la population continuera à vivre dans un système où même la monnaie devient une source d’injustice. Ce n’est pas seulement le franc congolais qui est affaibli : c’est la confiance du peuple envers ses institutions.

La Banque centrale ne peut plus rester passive. Elle a une mission : garantir la stabilité monétaire et veiller à ce que la monnaie serve l’économie, pas qu’elle soit détournée pour enrichir une poignée de profiteurs.Il est temps de remettre de l’ordre. Il est temps que le franc congolais retrouve sa dignité.Et il est plus que temps que le peuple cesse d’être braqué... en toute impunité.

LK