Fin d’année à Kinshasa : les Kinois pris en otage par la flambée des transports
À l’approche des fêtes de fin d’année, Kinshasa s’embrase, non pas seulement sous les lumières des célébrations, mais aussi sous le poids d’une hausse incontrôlée des tarifs du transport en commun. Se déplacer dans la capitale congolaise devient un luxe pour de nombreux habitants, pris au piège d’un système où la loi peine à s’imposer.
Des tarifs officiels ignorés sur le terrain
Pourtant, au cours de l’année, le gouvernement provincial de Kinshasa avait pris un arrêté fixant les tarifs officiels des itinéraires urbains. Une décision saluée à l’époque par les usagers, qui y voyaient un espoir de régulation d’un secteur longtemps marqué par l’anarchie.
Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. En l’absence de contrôles effectifs, cet arrêté est resté lettre morte. Les conducteurs de bus, taxis et taxis-bus imposent leurs propres tarifs, souvent au gré de l’affluence, de l’heure de la journée ou de la pression liée à la période festive.
Des prix qui doublent, voire triplent
Les exemples abondent. Une course autrefois facturée 2 000 francs congolais est aujourd’hui proposée à 4 000, 5 000 FC, voire davantage.
Sur l’axe Zando–Kingasani, le tarif peut grimper jusqu’à 10 000 FC, un montant prohibitif pour des ménages déjà fragilisés par la vie chère.
Le trajet Zigida–rond-point Ngaba, auparavant payé entre 1 500 et 2 000 FC, se négocie désormais à 5 000 FC ou plus, selon l’humeur du conducteur.
Pour de nombreux travailleurs, ces hausses imprévues grèvent lourdement un budget déjà sous pression, surtout en cette période où les dépenses liées aux fêtes s’accumulent.
Colère et résignation des usagers
À l’arrêt Zigida, un passager, sous couvert d’anonymat, exprime une indignation largement partagée :
« En cette période, les conducteurs fixent les prix à leur guise, sans aucun respect des règles établies. »
Selon plusieurs témoignages recueillis, les tarifs varient parfois d’une heure à l’autre, ou augmentent brutalement dès qu’un arrêt est bondé, en totale contradiction avec les décisions des autorités provinciales.
Entre colère et résignation, les Kinois finissent souvent par céder, faute d’alternative viable pour se déplacer.
L’absence de l’État pointée du doigt
Cette flambée des prix se déroule sous le regard impuissant — ou silencieux — des autorités urbaines. Rares sont les contrôles, inexistantes les sanctions visibles. Résultat : les textes réglementaires peinent à s’imposer face à la loi du plus fort.
Pour de nombreux observateurs, le problème n’est pas tant l’absence de lois que le déficit chronique de leur application. Sans mécanismes de suivi, ni présence dissuasive des services compétents sur les grands axes, les arrêtés provinciaux se réduisent à de simples déclarations d’intention.
Un appel pressant à l’action
À quelques jours des festivités, la grogne monte. Les usagers appellent les autorités à assumer pleinement leur rôle régulateur, en faisant respecter les tarifs officiels et en sanctionnant les abus. À défaut, préviennent-ils, Kinshasa continuera de fonctionner au rythme de l’arbitraire, où chaque période sensible devient une occasion de spéculation au détriment des plus vulnérables.
Car à Kinshasa, tant que la loi ne descend pas dans la rue, elle restera, une fois de plus, une promesse sans effet.
LK






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